Nous étions tous un peu éméchés en sortant du bar, certains plus que d' autres et je me demande encore comment ça se fait qu'ils aient tous retrouvé le chemin de chez eux sans encombres!
Noah ne s'est pas fait prier...je crois qu'il a toujours été un petit peu amoureux de moi.

Je l'ai emmené dans un coin sombre...une cage d'escalier lugubre suintant l'humidité.
Je me suis laissée emporter par cette vague de désir, m'offrant, obscène, un abandon total qui signifiait combien ça m' avait manqué d'être dans les bras d'un homme.
On a beau dire, (même si on est lesbienne) faire l'amour avec un homme c'est quand même quelque chose...

L'endroit, le fait qu'on pourrait nous surprendre, la sensation de violer un interdit, tout, tout, tout a contribué à réveiller mes anciens démons.
Je me suis retrouvée salope et nympho comme avant que l'amour ait frappé à ma porte...et le pire...c'est que ça m'a plu!
Je me suis réconciliée avec moi-même, parce que ça aussi c'est moi...je ne peux renier mon passé.

J'apprivoise mes vieux démons, les cajole, on co-habite...on coït à bites...loin, loin de ma douce Flo qui dort sans doute maintenant du sommeil du juste.

La vie n'est pas juste.
Je cours après l'amour et quand je le trouve, je cours encore après des corps, des sensations, du sexe, de l'éphémère...comme si je n'existais vraiment que dans ces moments fugaces.

Nous avons fait l'amour brut, grossièrement.
Comme deux bêtes apeurées, se raccrochant l'une à l'autre...tantôt contre les murs poussiéreux, tantôt sur le sol crasseux...humidité et haleine alcoolisées...symbiose de deux corps qui s'emboîtent à merveille.

J'étais heureuse, là, sous ces coups de boutoir, face contre terre, le cul à l'air, offert...
Et c'est à ce moment que je compris que...jamais je ne serai une gouine à part entière.