C’était donc vous mademoiselle ! Comme j’ai eu peur ! Nous…je…j’ai pensé que c’était un vagabond.

  -Merci tout de même, mademoiselle. Et lui ?

  -il a pensé que c’était un animal, il ne s’en ai pas occupé. Comme j’ai honte de moi ! Vous n’allez pas le dire à madame,  je vous en supplie, mademoiselle…

Elle s’est  tournée vers moi pâle et vraiment au bord des larmes. Du coup, ma fausse colère tombe et je lui souris :
  
  -Mais non petite sotte, je ne dirai rien à ma mère. Approchez, venez me demander pardon.

Elle s’approche en effet, tapotant un peu nerveux sa jupe, et comme j’ai un geste vers elle, s’élance dans mes bras, couvre de baisers fougueux mes joues, mes cheveux, mes lèvres enfin. Embrasée, sentant ses seins, son ventre contre les miens, je suis prise tout à coup d’une faiblesse délicieuse et je dois m’asseoir. Un peu essoufflée, j’appuie ma tête contre elle pour goûter sa chaleur à travers ses vêtements, et je murmure :

  -J’avais envie de toi, ma Line, je voulais t’avoir pour moi seule, et je n’ai pas aimé te voir faire cela avec un homme. Allons, explique-toi.

  -C’est que Monsieur Duverger me poursuit tout le temps qu’il est au domaine, une vraie persécution ! Moi, j’avais toujours peur que votre mère l’apprenne et me renvoie, alors je voulais lui dire, moi-même de me laisser tranquille.

  -Voyez-vous cela, Ce n’est pourtant pas ce que j’ai vu !
Ce n’est pas la première fois que toi et lui…. C’était souvent ?

Elle se tortille, comme pour revivre et recompter ses ébats avec Duverger, passe un bout de langue sur ses lèvres, et répond à côté :

  -J’ai bien honte pour lui, mademoiselle ; mais nous autres, les domestiques, on ne peut guère refuser à ces messieurs, voyez-vous.
 
-Vous pouvez bien faire de lui ce que vous voudrez, Emmeline, je vous l’abandonne. Ce n’est certes pas lui que je l’épouserai, alors…N’empêche, j’aimerai bien en savoir plus.

Je l’attire près de moi et je lui demande, un peu gênée tout de même :

  -Dis-moi Linette, ils deviennent tous comme lui quand tu les touches ?
 
  -Bien sûr, mademoiselle. Sauf des trop vieux, on a beau les amuser, ils restent comme ils sont. Les autres, ils se rendent comme ça rien qu’à m’attendre, les yeux leur sortent de la tête ! On leur ferait n’importe quoi dans ces moments là.
 
  -Et toi ? Tu n’as pas honte de les prendre, de les tripoter comme tu l’as fait ? Tu n’es pas dégoûtée.

Cette fois elle est sincèrement étonnée :
  -Et pourquoi je serai dégoûtée, ma petite chatte ?
C’est tout chaud et tout vivant, comme un oiseau !

  -Un oiseau, cette vilaine chose ! Comme tu y vas ! Et dis-moi encore : Monsieur Duverger, c’est un bel oiseau, comme tu dis, ou un petit oiseau du paradis ?

Après tout, Duverger prétend officiellement à ma main et au reste, et il est juste que je me renseigne sur ses ressources…
A ce que j’ai vu, ce n’est pas la cinquième patte d’un âne, mais c’est le premier que j’ai aperçu dans cet état, et je n’ai pas les moyens de comparer, comme Linette. Elle a éclaté de rire en m’écoutant :

  -Il est bien dru, ça oui, mais ce n’est pas un gros oiseau. J’en connais un qui est deux fois plus gros que lui.

  -Qui ça, Linette ? Je le connais aussi ? Je veux dire…

Tout échauffée, les yeux brillants, elle me sourit et nous nous laissons aller du même mouvement sur le lit en riant et en nous embrassant comme de vraies folles que nous sommes !

-Eh bien, c’est…


A suivre…