Emmeline est une dévergondée,une moins-que-rien que je vais faire chassez! et lui c'est un,un je ne trouve pas le mot!un homme,quoi!répugnant et ridicule comme ils le sont tous.
Je me demande si je ne vais pas me faire bonne soeur pour échapper à ces turpitudes!

Il n'empêche, je ne me suis pas ennuyée aujourd'hui.Je réclamais des distractions,en voici!
Et je me plains,je m'indigne!Racontons toujours.

Il ya une petite pièce vide au dessus du garage qui est condamnée, fermée à clef, une vénérable clef de fer forgé qui traîne avec dix autres dans un buffet de l'office.
Là, on a toujours été merveilleusement tranquille, et louis, mon frère ainé, a découvert voici des années qu'on pouvait y accéder directement par une vieille porte dans la plus ancienne chambre d'amis située au premier étage. 
La sérrure rongée de rouille, ne tient plus, il suffit de donner un coup d'épaule pour qu'elle s'ouvre, un autre coup d'épaule pour la refermer de l'intérieur et l'on est tout à fait chez soi,puisque tout le monde croit cette porte définitivement fermée, et que l'échelle qui y menait par le garage a été enlevée.

On s'écorche un peu, on a un peu peur, mais la clef reste dans son tiroir et personne ne peut imaginer que cette pièce me sert de boudoir de vacances.
Il y fait sombre et presque frais,On y a oublié une grande couche de son tout sec,qui avait sans doute servi à rembourrer les poupées traditionnelles confectionnées par mon arrière grand-mère,et j'y passe chaque année des heures entières à rêvasser, à sucer des brindilles et à m'y caresser les jambes et le ventre.

Tout à l'heure donc, vers quatre heures, je m'y retrouve pour la première fois des vacances.
Première surprise fort déplaisante: le vieux garage n'est pas si abandonné que cela.Je vois par la trappe qu'on a aménagé comme un matelas de vieux chiffons, sur lequel on a étendu deux couvertures toutes rapiécées.
Servirait-il de dortoir à tous les vagabons de la région?
Mon premier mouvement est de me sauver sans demander mon reste, puis je me ravise.
Après tout, nous sommes en plein jour et je suis chez moi.Peut être que papa a tout simplement autorisé des ouvriers à coucher ici?

Quoi qu'il en soit, j'y suis ,j'y reste.
Je m'éloigne de la trappe, me blottis dans le son, et commence à sommeiller quand le grincement du portail me fait sursauter.
Je me renfonce d'abord dans l'obscurité, plus émue que curieuse;la porte se referme, j'attends, et comme il n'y a aucun bruit, je rampe doucement vers l'ouverture et regarde par les lattes du plancher.

Surprise des surprises, et tellement énorme que je manque de crier:Emeline vient de s'étendre avec nonchalance sur le "lit" et debout à côté d'elle, quittant posément ses vêtements, c'est monsieur Duverger mon preux chevalier!

A suivre....