Les aventures de Lola K.
Dix-septième épisode
Vendredi, dix heures du matin, debout sur le quai j'attends ma mère.
J'ai mis une ravissante jupe bleue qui m'arrive juste au dessus du genou et un tee-shirt tout sobre. J'ai des noeuds dans l'estomac. Oui à vingt ans, j'ai encore peur de ma mère...C'est un vrai dragon, ma mère.
Finalement, nous avons décidé que Florence resterait à la maison. Ce serait vraiment nul de ma part de l'obliger à partir de la maison sous prétexte que J'ai peur d'affronter ma mère et de lui avouer mon homosexualité ! Quoi qu'il en soit...pour l'instant, j'ai le ventre qui gargouille.
Bon d'accord, Flo restera à la maison mais il n'est pas prévu que je lâche le morceau ce week-end ! On dira que Flo est une très bonne amie avec qui je vis en colocation depuis quelques temps. Elle dort dans le lit à gigogne qui est dans le salon, et moi je dors dans la chambre. C'est tout.
Espérons que ma mère ne remarque rien ! Elle est très perspicace, mais imaginer que ça fille est lesbienne, ça, je crois que c'est au dessus de ses capacités ! Et tant mieux !
Elle arrive. Elle marche vers moi en faisant des petits pas serrés comme si elle avait peur de déchirer les coutures de sa jupe (soit dit en passant qui est très moulante), et exhibe un sourire blanc et figé, irréprochable.
- Ma Louloute !
(Arf, quand est ce qu'elle arrêtera de m'appeler comme ça?!)
- Maman ! Comme tu es belle !
- Mais comment tu t'es habillée ma fille ? T'as pris quelques kilos, non ?
-...Je t'assure que non, maman.
- Si, si ! Regarde tes fesses !
- Mamaaaannn!!! Allez vient, on rentre.
Elle n'a pas arrêté de parler dans le taxi qui nous ramenait à l'appart.
Il a quand même fallu que j'arrête son flot intarissable pour lui dire que je ne vivais pas seule.
Sa réaction ne s'est pas fait attendre.
- Ma fille, aurais-tu perdu la tête ? Comment peut-on vivre avec quelqu'un qu'on connaît à peine?! Qui est cette Florence ? Elle est propre au moins ? Ah toi ! Il faut toujours que tu te fourres dans des situations pas possibles ! Tu n'as pas à t'en faire pour ton loyer avec tout ce qu'on te donne ! Pourquoi vis-tu en colocation ?
-Maman, Florence est mon amie, ce n'est pas une question d'argent. Elle recherchait un appartement et vu qu'il y a deux lits à la maison, c'est tout naturellement que je lui ai proposé de venir habiter chez moi !
- Pff ! Ça ne m'étonne pas de toi, ça ! Et ça dure depuis combien de temps ?
- Deux semaines...
- Et bien sûr, tu ne pouvais pas me le dire avant ! J'aurais été à l’hôtel !
- Mais non maman, ça me fait plaisir de t'avoir à la maison.
- Ah ! M'imposer ça à moi, ta mère !
-...Flo est adorable maman, tu verras.
...S'en suit un long silence (Mes oreilles ont adoré ce court instant de répit!).
J'ai porté toute seule la lourde malle beige jusqu'au quatrième étage sans qu'elle lève le petit doigt, Madame ma mère est trop âgée vous comprenez pour porter d'aussi lourdes choses. Mais pas trop âgée pour porter des fringues moulantes par contre ! (Pourquoi a t'elle besoin de trois lourdes malles pour UN week-end?!).
Flo nous a ouvert. Elle avait une charmante petite robe à volants avec de minuscules fleurs rouges et blanches, une vrai latina! Flo a sourit de toutes ses dents et j'ai tout de suite vu que ma mère était tombée sous le charme. Quand je suis revenue avec la dernière malle, la conversation allait déjà bon train entre les deux femmes qui avaient l'air de beaucoup s'apprécier déjà.
Maman n'a eu de cesse de féliciter Flo pour son bon goût quant à la décoration de l'appartement "Il est évident que ma fille n'aurait pu faire ça toute seule" ...Flo a fait un gratin du nord comme elle n'avait mangé depuis longtemps, et Flo est si douce, si gentille et distinguée "C'est pas comme Lola"... J'étais tellement soulagée que ça se passe aussi bien entre elles que les réflexions de ma chère maman ne me touchaient même pas.
Flo était un peu gênée, mais je me suis empressée de la rassurer en lui flattant un tantinet la cuisse, sous la nappe.
Après le déjeuner maman a été se reposer.
Nous, nous avons regardé tranquillement la télévision en nous faisant des petits bisous dans le cou tout en guettant la porte de la chambre. Ce soir, nous irons à Bercy Village voir un film. Je ne sais pas encore lequel, on verra bien sur place. De toute façon, c'est sans doute Madame ma mère qui aura le dernier mot, alors à quoi bon s'occuper des bandes-annonces !
Par °*Petitekaline°* | Avant | Jeudi 16 Février 2006, 23:50 | Après | Mon Feuilleton | aucun commentaire