Karen est forte. Elle s'est vite remise de l'incartade de Lionel, lui par contre a pris un sacré coup depuis le scandale de la dernière fois à la cafèt! Monsieur-le-beau-gosse-coureur-de-jupon-super-version-n°4 se fait tout petit maintenant...se faire pincer comme ça, devant tout le monde, ce n'est pas très bon pour son égo...Ornella, quant à elle a repris sa petite vie comme si rien ne s'était passé. Elle a abordé Karen deux jours après en lui faisant la bise et en lui parlant du magnifique petit haut bleu ciel qu'elle avait vu dans la vitrine d'en face...Karen était à la fois scandalisée et horrifiée par tant d'audace, heureusement, elle a pris le parti d'en rire! Tout ça pour vous dire que tout va bien dans le meilleur des mondes pour la bande à Lola!

De mon côté, tout se passe très bien avec ma douce même si je n'ai pas encore  trouvé le courage de lui avouer que je ne suis pas homo mais bi. Je le ferai peut être, un jour...quand je serai prête...
En attendant, je profite aussi bien des joies saphiques que des plaisirs offerts sur un plateau d'argent par de beaux et preux étalons. Je sais, ce n'est pas bien de mentir à Flo mais il faut croire que jamais je ne pourrai me passer des hommes... 
Je revois Noah de temps en temps mais nous n'avons jamais réitérer notre petite entreprise très torride. Je me contente de le mater et de mouiller mes fonds de culottes à chaque fois que l'on se croise.

J'ai beaucoup de travail, c'est bientôt les partiels et évidemment, je ne suis pas du tout prête!
En sortant de la Bibliothèque universitaire cet aprèm je suis passée par le couloir interdit. Ca faisait longtemps que je n'étais passée par là. A l'entrée, les éffluves de cannabis m'ont saisi à la gorge et les lueurs rouges des mégots ont fait une danse étrange devant mes yeux.
Angoisse, peur, exitation faisaient un joyeux mélange dans ma poitrine jusqu'à ce que j'entende:

-Hey salope! t'as besoin de quelque chose?

Là, c'est le désir qui a pris le dessus. Je me suis engouffrée dans le couloir obscur toute tremblante. Je les ai dévisagé un à un, défiant leur regard (de mes grand yeux sombres de femme fatale!).
Dans cette ruelle étroite les gosses de riches aux baskets proprettes se mêlent aux rebelles pur sang aux jeans déchirés qui sentent l'alcool à plein nez. Ils étaient six cette fois.

- Mais t'as une vraie bouche de salope toi, salope!

Y'en a un qui s'est approché pour me tâter les fesses et les autres ont suivi. Ils y avait des mains sur mes fesses, entre mes cuisses, sur mes hanches, des mains partout sur mon corps...ils m'ont tripoté quelques minutes puis je me suis dégagée. Ils m'ont laissé faire. Ils ne sont pas méchants et puis, depuis le temps, je crois qu'il y a un pacte tacite qui s'est noué entre nous.
En quelque part...il savent bien que je suis consentante, ils savent ce que je viens chercher.
Je suis sortie du couloir en courant et l'éclat du soleil m'a fait mal aux yeux, je me suis senti tellement vivante!

Souvent je me surprends à penser que je suis une sainte, gentille et disponible pour les autres, compréhensive, douce et aimable...j'aide les personnes agées à porter leurs courses et je leur rends même visite dans les maisons de retraite...(si ce n'est pas du dévouement ça!) d'autres fois, je me dis que je ne suis qu'une menteuse, une vraie garce qui ne pense qu'à baiser.
Il faut que j'arrête de mentir à Flo et que j'arrête de me mentir à moi même.
Personne n'est tout blanc ou tout noir, il faut que je m'y fasse...parce que je suis tellement grise...toute grise...

Il faut encore que je révise.
Flo ne va pas tarder à rentrer, et l'eau du bain est maintenant toute froide.
Quand même...quelle vie on mène quand on a vingt ans!