Il semblerait que plusieurs d'entre vous souhaiteraient que je reprenne les cours de créole, après mes examens, c'est promis, je m'y attele!
Cependant, j'avoue que je ne sais pas trop comment m'y prendre, alors si vous avez des suggestions, des questions, n'hésitez pas, on avancera ensemble.

D'autre part, je pense recommencer le feuilleton interactif.
Pour ceux qui ne savent pas, il s'agira d'écrire une histoire à plusieurs claviers, chacun venant rajouter sa suite au chapitre précédent...
Tout le monde peut participer!

Alors nous avons déjà Marc[i]1, Gourmande, peut être Gamin, Gobbooo!!tu viens stp? et moi...les autres arriveront au fur et à mesure, j'espère.

Donc en attendant que les cours de créole reprennent, et que j' écrive le premier chapitre de l'histoire interactive, je vous laisse un poème en créole avec sa traduction, pour la prononciation c'est
(mais attention, il y a un véritable jeu de musicalité dans ce poème et des fois la langue s'emmêle...)

J'aime beaucoup ce poème car il est un éloge à la femme antillaise, il est "musicalement" très beau et parce qu'il est bourré d'allusions et d'images qui évoquent le contexte antillais.

Fanm flè ka tounen nonm an kolibri
Fanm flèch ka pitché nonm an mitan tchè
Fanm fil ka voplé nonm an pwèlzyé yo
Fanm fyèl ka fann fwa nonm èk an kout lang
Fanm fol ka pann tchè nonm an bout branch yo


Fout fanm flè !
Fout fanm flèch !
Fout fanm fil !
Fout fanm fyèl !
Fout fanm fol !


Mé fout fanm fò fout !
Lè fanm fè tan fè fòs pou fò !

Fanm kan ka douci nonm tek zée d'où y
Fanm gang ka vêle nonm èk lo fa yo
Fanm ranm ka ranmé nonm an tout dlo yo
Fanm lanm ka nenyen nonm an dlo zyé yo
Fanm flanm ka brilé nonm an dé bra yo


Fout fanm kann !
Fout fanm ni ganm !
Fout fanm ranm !
Fout fanm lanm !
Fout fanm flanm !


Mé fout fanm fò fout !
Lè fanm fè tan fè fòs pou fò !

Fanm flo ka tounen fòl pou an babiòl
Fanm trèf ka pèd la kat pou an wa tchè
Fanm fès - voplé - pézé - mi lanmoné-w mamzèl !
Fanm bèf ka
trimen vèt anba jouk nonm
Fanm fèb ka chignen chenn an tout chimen


Fout fanm flo !
Fout fanm trèf !
Fout fanm fès !
Fout fanm bèf !
Fout fanm fèb !


Mé fout fanm fò fout !
Lè fanm fè tan fè fòs pou fò !

Dépi avan nanni nannan
Av an prèmyé jénérasyon ki pran soufrans
èk délivrans
non-w té ja ka kouri an van
Ek bétafé léternité.
Solèy batzyé anba an kout zyé-w.
Ou flanbwayé zantray lannuit.
Sèpan lavi rantré an kò-w

Simen vènen lakonésans
Ek i tété-w pa andidan-w.
Nèf lalin plenn anlè bouden-w.
Ou poté chay avan chay fèt.
Gran jou kléré dé bòl jounou-w.
Ou mété nonm asou latè

Ou swen an péyi
Epi chalè-w
Epi laswè-w
Epi lachè-w

Kimoun ki nòz malpalé fanm
Jòdi ta-a anlè tè-ya ?
Ki nonm ki sé palé di fanm
San i pran tan pézé kracha-y
Sètsansyek fwa an fon gòj li ?
Ki fanm ki pa sé sav i fanm
Avan milan

Avan kankan
Avan pawòl masibòl fòl ka simen fyèl èk malkadi
Anba fétay lanmézon nèg ?
Ay ! fanm !
Si ou wè man sé nonmen non-w
Pawòl mwen sé an ti lafimen
Ka filtré anba kannari-w
Lafimen yan ké ay fè chimen-i
Kannari-w la limenm sé félé
Twa wòch-ou-a andwa toujou la


Ou sé rèldo kannòt lavi
Ou sé mamèl divini nonm

Poème de Joby Bernabé

Traduction:

Femmes-fleurs qui rendent les hommes colibris
Femmes-flèches qui piquent l'homme au milieu du coeur
Femmes-fils qui enveloppent les hommes dans leurs cils
Femmes-fiel qui fendent le foie des hommes d'un coup de langue
Femmes-folles qui pendent le coeur des hommes à leurs branches


Que les femmes sont fleurs
Que les femmes sont flèches
Que les femmes sont fils
Que les femmes sont fiel
Que les femmes sont folles

Mais que fortes sont les femmes
Quand elles s'efforcent d'être des femmes fortes !

Femmes-cannes qui adoucissent les hommes avec leurs yeux doux
Femmes-charmes qui aveuglent les hommes avec leurs fards
Femmes-rames qui tirent les hommes dans leurs eaux
Femmes-lames qui noient les hommes dans leurs larmes
Femmes-flammes qui brûlent les hommes dans leurs bras


Que les femmes sont cannes
Que les femmes sont charmes
Que les femmes sont rames
Que les femmes sont lames
Que les femmes sont flammes

Mais que fortes sont les femmes
Quand elles s'efforcent d'être des femmes fortes !

Femmes-vides qui deviennent folles pour une vétille
Femme-trèfles qui perdent la carte pour un roi de coeur
Femmes-fesses - enveloppé c'est pesé - voici la monnaie, mam'zelle !
Femmes-boeuf qui peinent fort sous le joug des hommes
Femmes-faibles qui traînent les chaînes sur le chemin


Que les femmes sont vides
Que les femmes sont trèfles
Que les femmes sont fesses
Que les femmes sont boeuf
Que les femmes sont faibles

Mais que fortes sont les femmes
Quand elles s'efforcent d'être des femmes fortes !

Au commencement
Avant que ne fussent souffrances et délivrances
Ton nom courait déjà le vent
Avec les lucioles d'éternité.
Le soleil clignait sous ton regard
Et tu éclairais la nuit noire.
Le serpent de vie entra dans ton corps

Et avec lui le venin de la connaissance
T'enlevant ainsi ton innocence.
Neuf pleines lunes passèrent sur ton ventre.
Tu connus le fardeau avant que le fardeau ne fût.
La lumière éclaira tes genoux.
Tu mis l'homme au monde
Nourrissant un pays
Par ta chaleur
Par ta sueur
Par ta chair

Qui oserait dire du mal de la femme
Ici-bas aujourd'hui ?
Quel homme parlerait de la femme
Sans prendre le temps de tourner sa langue
Sept cents fois dans sa bouche ?
Quelle femme ne se saurait femme
Avant ragots et commérages
Avant que les paroles d'une rivale folle
Ne sèment aigreurs et convulsions
Sous le toit des maisons ?
Aïe ! Femme
Si je dis ton nom
Mes paroles ne sont que fumée
Comme celle qui sourd de sous ton chaudron.
La fumée ira son chemin
Ton chaudron se fêlera
Toi, les trois roches du foyer, tu seras toujours là


Charpente du navire de la vie
Source où s'abreuve l'avenir de l'homme.

Traduction de Marie-Christine Hazaël-Massieux